Cédric O réclame un « Conseil de l’ordre des journalistes », faute de quoi « l’Etat s’en chargera »

29 juin 2019 Off By Romain
Cédric O réclame un « Conseil de l’ordre des journalistes », faute de quoi « l’Etat s’en chargera »
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Article paru sur Le Monde le 26 Juin 2019.


Dans un entretien à l’agence de presse Reuters, le secrétaire d’Etat au numérique plaide pour la création d’un dispositif au sein de la profession pour lutter contre les « fake news », mais n’exclut pas que le gouvernement se saisisse du dossier.

Le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, invite les journalistes à s’organiser pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation, faute de quoi, c’est l’Etat qui s’en chargera, menace-t-il. Dans une interview accordée mardi 25 juin à l’agence de presse Reuters, l’ancien conseiller de l’Elysée détaille sa vision.

« Je considère qu’il doit y avoir un Conseil de l’ordre des journalistes, des journalistes entre eux, qui prennent des décisions et qui disent à l’Etat : Vous devez retirer l’agrément de tel ou tel canard, mettre des avertissements.” »

Un rapport commandé par le gouvernement prône la création d’un conseil de déontologie qui serait toutefois dépourvu de pouvoir de sanction. Il propose que, face à un contenu journalistique qu’il juge critiquable, un citoyen ait un autre recours que la saisine du juge ou de l’éditeur. Ce document propose aussi qu’en cas de manquement éthique ou déontologique, le même conseil puisse émettre « des avis qui pourraient être rendus publics ».

« On n’en est pas du tout là »

Cédric O considère que des médias comme Russia Today (RT) ou l’agence Sputnik, qui sont sous influence russe, fragilisent volontairement la démocratie « pour aboutir à l’arrivée au pouvoir de tel ou tel parti politique ».Lire aussi : Russia Today France, l’arme du « soft power » russe

« Et cela marche. Aujourd’hui, sur YouTube, la chaîne qui a le plus de visibilité ce n’est pas BFM, ce n’est pas CNews, c’est RT », argue le secrétaire d’Etat. « Les “gilets jaunes” ne s’informent que par RT », affirme-t-il.

« Moi, je considère qu’il y a un risque monstrueux, a-t-il ajouté. Et donc il y a une obligation de résultats de la société. C’est aux journalistes de le faire, ce n’est pas à l’Etat de le faire. S’ils ne le font pas, ce sera l’Etat qui le fera, au bout du bout. »

A ses yeux, il ne revient pas à l’exécutif de sanctionner les médias diffusant de fausses nouvelles : « Mais à un moment, devant la menace contre la démocratie, on le fera. » « Ce sera le CSA [Conseil supérieur de l’audiovisuel] ou une autorité indépendante qui va décider ce qu’est une infox ou pas. » « On n’en est pas du tout là », a-t-il toutefois nuancé.

Pour lutter contre les fausses informations (fake news ou infox), le Parlement a déjà adopté des textes qui permettent notamment de saisir le juge des référés pour empêcher la manipulation en période électorale.


Article complet sur Le Monde, disponible ici .

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