Défense nationale, état des lieux

11 août 2019 Off By Romain
Défense nationale, état des lieux
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Article de Guillaume Berlat paru sur Les Crises le 6 Août 2019.


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C’est une vieille ficelle de tous les politiciens roués et roublards qui a pour nom politique de diversion, politique d’enfumage que nos dirigeants viennent d’utiliser en cette semaine de fête nationale. Lorsque les choses vont mal sur la scène intérieure (« homardgate » doublé des actions des « gilets noirs » en marge de la fête nationale), rien de tel pour Jupiter que de faire diversion sur la scène diplomatique (en lançant une pseudo médiation de son conseiller diplomatique, Emmanuel Bonne à Téhéran) ou de jouer au chef des armées (en saturant l’espace médiatique de mille et un pétards mouillés). Les traditionnels feux d’artifice du 14 juillet se prêtent parfaitement à cette manœuvre, cette astuce de garçon de bain.

Les jours se suivent et nous découvrons à chaque instant une nouvelle initiative aussi extravagante que la première tant la forme l’emporte sur le fond, la tactique sur la stratégie. Tous les secteurs d’activités de nos armées y passent. Reste surtout à savoir si les réalités (budgétaires en premier lieu) seront à la hauteur des espérances dans un monde aussi complexe et imprévisible que dangereux !1

UNE BROCHURE SUR LA MODERNISATION DES ARMÉES (11 juillet 2019)

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Le centre de presse des armées (DICOD) vient de diffuser sur son site, sous forme électronique, une brochure intitulée : « Pour aller plus loin : focus sur les soutiens : ça veut dire quoi »2. Elle se décompose en trois parties : (1) l’enjeu (moderniser, innover, simplifier, se transformer), (2) 5 chantiers pour comprendre (innovation et numérique, investissements et dépenses de fonctionnement, une administration moins décentralisée, auprès des personnels et de leurs familles, attentifs aux enjeux de société), (3) des mesures-clés pour un ministère des Armées plus simple et plus proche du terrain (une organisation et des moyens renforcés pour les bases de défense, des infrastructures et des sic plus réactifs et mieux coordonnées, une amélioration de la condition du personnel et de l’environnement de travail des agents. Nous ne reprendrons pas le développement de tels mantras et de telles mesures que le lecteur peut découvrir avec son œil objectif et sans le moindre préjugé. À la fin de la découverte de cet opus magnum rédigé par quelques « spin doctors » en kaki, une question vient immédiatement à l’esprit : que d’évidences dont on s’interroge sur le point de savoir à quoi bon les répéter si tant est qu’elles n’en soient pas au point de devoir être claironnées !

Question

Reste désormais à savoir si cet exercice de langue de bois épaisse qui frise la propagande la plus basse trouvera une signification concrète en termes de ressources budgétaires et humaines dans le futur. Ou bien s’agit-il d’un exercice purement déclaratoire destiné à calmer la grogne qui monte dans les rangs comme le souligner le CEMAT, Jean-Pierre Bosser à la veille de son départ à la retraire devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale au moins de juin dernier ?3 Ceci n’est pas sans rappeler l’avertissement lancé il y a deux ans déjà par le chef d’état-major des armées, un certain général Pierre de Villiers qui fut poussé à la démission par le président de la République pour avoir osé dire la vérité sur l’état de nos armées devant la Représentation nationale. L’histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement ?

UN NOUVEAU SOUS-MARIN NUCLÉAIRE « LE SUFFREN » (12 juillet 2019)

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Emmanuel Macron lance à Cherbourg le nouveau sous-marin nucléaire d’attaque (Le Suffren). Cela faisait plus d’une décennie que la France n’avait pas lancé un nouveau sous-marin. D’autres devraient suivre dans les années à venir4.

Le Suffren , et bientôt le Duguay-Trouin ou le Tourville… Au total, six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) vont, d’ici à dix ans, être mis à l’eau au sein de la marine française. Le premier, le Suffren, a été lancé officiellement par Emmanuel Macron le 12 juillet 2019 à Cherbourg, où il a été construit. Une fois les tests terminés, d’ici à un an, il commencera à remplacer la « classe Rubis », la précédente génération de SNA. Hugo Decis, chercheur au pôle défense et sécurité de l’Iris, explique que contrairement aux quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), chargés de la dissuasion nucléaire, les SNA couvrent un spectre plus diffus. Leurs missions : la surveillance en milieu maritime, l’observation des dispositifs ennemis, la protection des bâtiments qu’ils escortent et éventuellement, en cas d’engagement, la neutralisation des moyens navals et sous-marins adverses. Un rôle essentiel pour le chercheur, dont la France ne peut pas vraiment se passer.

Il faut distinguer le volume unitaire qui équipe la France et la qualité de ses unités. A ces deux titres, la France est une puissance sous-marine importante. D’un côté, son volume est plutôt respectable, même s’il est beaucoup moins important que les Américains et les Russes, qui ont une avance conséquente. Mais en plus, ces sous-marins sont des concentrés de technologie extrêmement maîtrisés. Ne serait-ce qu’au niveau de la propulsion nucléaire, qui demande une maîtrise dont ne dispose qu’un nombre très restreint de pays actuellement.

C’est donc une question de maintien du rang international. Ça reflète aussi le fait que la France est une puissance maritime avec de nombreux territoires ultramarins, et des zones économiques exclusives (ZEE, la zone maritime de souveraineté de la France) à protéger en conséquence. D’autres pays n’ont pas cette nécessité, donc n’ont pas forcément à se doter de tels moyens. Par ailleurs, c’est une façon de rayonner en termes de maîtrise technologique et militaire, puisque pour un SNA de type « Suffren », on est vraiment dans de la très haute technologie militaire.

Et même plus largement que le côté prestige, qui pourrait peut-être être mal interprété, de façon générale, l’utilisation d’un outil naval de ce type – et c’est vrai pour d’autres types de bâtiment – s’inscrit dans ce qu’on appelle la diplomatie navale. C’est-à-dire la capacité à faire passer un message politique, quelle que soit la nature de ce message, via la mobilisation d’outils navals. Ça va de l’influence à l’intimidation, en passant par la simple démonstration de maîtrise technologique, de force… Ça peut être un levier dans le cadre d’une crise, mais la diplomatie navale est quelque chose d’extrêmement vaste. Qui va de la simple démonstration de « je suis capable de construire ce bâtiment, donc je suis une puissance industrielle et technologique », à « je suis capable de vous frapper en utilisant ce bâtiment, donc je suis une puissance militaire qui doit être respectée, écoutée, ou en tout cas prise en considération »5.

Question

Reste désormais à savoir si pour maintenir son rang dans les mers, la France se lancera dans la construction d’un second porte-avions nucléaire en sus du Charles de Gaulle dont il faut souligner que, dans la meilleure des hypothèses, il passe la moitié du temps en révisions diverses ! Ce qui veut dire qu’il n’est pas opérationnel durant tout ce temps et qu’il ne serait pas convenable que nos ennemis viennent nous chercher querelle pendant qu’il est indisponible. Un remake de la ligne Maginot version navale. Où trouvera-t-on toutes ces dizaines de milliards indispensables pour construire tous ces joujous alors que les derniers arbitrages budgétaires de Bercy ne sont guère réjouissants.

UN GRAND COMMANDEMENT DE L’ESPACE (13 juillet 2019)

Information

La France, qui entend développer une nouvelle doctrine spatiale militaire, se dotera en septembre d’« un grand commandement de l’espace » au sein de l’armée de l’air, a annoncé le 13 juillet 2019 à l’hôtel de Brienne, Emmanuel Macron6. « Nous renforcerons notre connaissance de la situation spatiale, nous protègerons mieux nos satellites y compris de manière active », a déclaré le chef de l’Etat lors d’un discours au ministère des Armées, pour la traditionnelle réception en l’honneur des troupes qui défileront sur les Champs-Elysées à l’occasion du 14 Juillet.

« Et pour donner corps à cette doctrine, pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l’espace sera créé en septembre prochain au sein de l’armée de l’air », a-t-il dit au côté de la ministre des Armées Florence Parly, qui devrait détailler prochainement les grandes lignes de la stratégie française. « Celle-ci deviendra à terme l’Armée de l’air et de l’espace. Les nouveaux investissements indispensables seront décidés », a précisé le chef de l’Etat7.

En septembre 2018, Florence Parly s’était engagée à doter la France d’« une véritable autonomie stratégique spatiale » face aux « menaces portées par quelques grandes puissances » dans un contexte de militarisation de l’espace. La ministre des Armées avait livré une preuve détonante de sa détermination en accusant nommément les Russes d’« un acte d’espionnage » contre le satellite militaire franco-italien Athena-Fidus en 2017. Ce commandement devrait être installé à Toulouse. Rien de plus normal compte tenu de l’expertise reconnue de la Ville Rose dans le domaine spatial (Caravelle, Airbus, Concorde, Ariane…).

Question

Reste désormais à savoir comment s’effectuera concrètement cette initiative coûteuse au moment où une course dans l’espace implique de nouveaux acteurs et où Bercy serre la vis sur tous les budgets de tous les ministères qualifiés de « dépensiers »8. Au-delà des mots, quel sera le périmètre précis de cette initiative ? Pourquoi ne pas avoir lancé une initiative européenne lorsque l’on prétend que l’Europe n’est pas le problème mais la solution et que l’on se déclare européen convaincu ? Cela ne s’appelle-t-il pas un cavalier seul chère à la « lèpre nationaliste » ?

UN ENTRETIEN DU CEMA ACCORDÉ AU QUOTIDIEN LE MONDE (13 juillet 2019)

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Deux ans après sa prise de fonction comme chef d’état-major des Armées (CEMA) après avoir succédé au général Pierre de Villiers, le général François Lecointre (57 ans) évoque, à la veille de la fête nationale, plusieurs questions d’actualité (opérations extérieures, menaces futures, réformes internes) dans un entretien accordé à l’experte des questions de défense du Monde, Nathalie Guibert9.

Pour ce qui est de la situation dans le Sahel, le CEMA se livre à un exercice parfait d’en même temps (expression qu’il utilise). Elle va mieux en raison de nos actions ciblées (« Stratégie Sahel » couplée avec les actions de l’Agence française de développement) et de celles de nos partenaires du G5 Sahel (réinstallation de l’administration malienne), d’une part. Ailleurs, au Niger et au Burkina Faso, la situation n’est guère brillante, d’autre part10. Une contagion islamiste est réelle et les forces spéciales françaises ne peuvent pas tout faire. Elles doivent passer le relai aux forces du G5 Sahel. Le général réfute le concept de guerre contre le terrorisme auquel il préfère celui de « guerre contre des terroristes » qui contribue à ce que des groupes hostiles ne viennent frapper sur le territoire français.

Avec beaucoup de sincérité et de crédibilité, François Lecointre défend l’action des militaires de l’opération Turquoise au Rwanda. Il refuse que l’on fasse porter aux militaires la responsabilité d’une politique globale. Les politiques devraient avoir honte de jouer à ce jeu de mistigri.

Pour ce qui est de l’Irak et la Syrie, la France recherche un « effet de containment global » en étroite coopération avec les forces américaines et irakiennes tout en appuyant les forces kurdes. En évoquant la question du différend américano-iranien, le général Lecointre estime que plusieurs raisons (réarmement mondial, affaiblissement du multilatéralisme, désinhibition du recours à la force) expliquent que les conditions sont réunies pour une multiplication des crises. « Ce ne seront pas des crises latentes mais des confrontations importantes ». C’est pourquoi, il est important que « la France garde des capacités d’appréciation autonomes, pour des choix souverains ». Notre pays consent un effort important dans deux domaines spécifiques : l’espace et le cyber. Si nous sommes sortis de la période de désescalade pos-guerre froide, il n’existe pas de menace existentielle contre la France.

Le général Lecointre conclut sa présentation sur la dimension organisationnelle et humaine de son action après deux années passées à la tête des armées françaises : nécessité d’une organisation robuste, plus grande responsabilité donnée aux chefs opérationnels, fidélisation des militaires qui pose la question des rémunérations et des retraites… Il termine par un exercice de brosse à reluire à destination du chef de l’État, chef des armées : « le président a une grande qualité d’écoute et de compréhension… Il décide vite et il a une très grande confiance en les arméesÀ deux ans de mandat, il mesure tout ce que lui apporte dans ses responsabilités internationales le fait d’être un chef d’une armée puissante, efficace et complète ».

Question

Reste à savoir si ce général cinq étoiles livre au citoyen ce qu’il pense vraiment de la situation internationale et de nos capacités réelles ou s’il s’agit d’un exercice parfaitement encadré par sa ministre et son cabinet et par le président de la République et son chef d’état-major particulier, l’amiral Bernard Rogel. Cet exercice de communication particulièrement bien rôdé n‘a d’intérêt que si nous sommes dans la première hypothèse. Dans le cas contraire, cela s’appelle du Kim Jong-Macron maquillé à la sauce Jupiter.

UN TROISIÈME EXPORTATEUR D’ARMES DANS LE MONDE (13 juillet 2019)

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La ministre des armées Florence Parly vient de présenter devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale le rapport 2018 au Parlement des ventes d’armes de la France. On y apprend que la France est le troisième pays exportateur d’armes dans le monde après les États-Unis et la Russie. Les exportations d’armement français ont bondi de 30 % en 2018. Ces ventes s’élèvent à 9,1 milliards d’euros, avec pour principaux destinataires le Qatar, la Belgique et l’Arabie saoudite. Ce bond s’explique par la vente au Qatar (pour 2,37 milliards d’euros au total) de 28 hélicoptères NH90 et la livraison de 12 avions Rafale. La Belgique a passé une commande exceptionnelle de 400 blindés, ce qui rapportera 1,1 milliard à l’État français. L’Arabie saoudite a fait des achats pour près d’un milliard d’euros et se hisse ainsi sur la troisième marche du podium 2018.

Mais le plus impressionnant, sur une longue période, est que les principaux clients de la France sont désormais des régimes autoritaires. À la page 14, on découvre par exemple l’infographie reproduite ci-dessous :

© Ministère de la défense

De cette infographie, on peut donc conclure que parmi les principaux clients de la France figurent l’Arabie saoudite, qui conduit une sale guerre au Yémen, le Qatar ou l’Égypte du maréchal al-Sissi11.

Question

Qu’en est-il de notre fameuse diplomatie des (fausses) valeurs dont nous ne cessons de nous rengorger à longueur d’année ? Cela signifierait-il que, dans des périodes de fortes contraintes budgétaires, l’argent n’aurait pas d’odeur ? On comprend mieux pourquoi cette information n’a pas eu l’écho voulu de la part de nos perroquets à carte de presse et de notre clergé médiatique abreuvé aux fameux éléments de langage (EDL), bible du e-monde12.

UNE PIERRE DANS LE JARDIN DE L’EUROPE DE LA DÉFENSE (14 juillet 2019)

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Emmanuel Macron a appelé à renforcer la coopération européenne pour construire une Europe de la défense, à l’occasion des commémorations traditionnelle du 14 -Juillet où étaient invités neuf chefs d’Etat européens et leurs représentants. Près de 4.300 militaires, 196 véhicules et 237 chevaux ont défilé sur l’avenue des Champs-Elysées pendant deux heures, cortège survolé par soixante-sept avions, dont huit européens, et 40 hélicoptères, dont neuf européens. Dans la tribune officielle, se tenaient aux côtés d’Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, ou encore le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa.

« J’ai tenu à mettre en avant notre irrévocable engagement européen en vue de consolider la sécurité de notre Nation et des peuples de notre continent », a écrit Emmanuel Macron dans un message destiné aux Français, publié en matinée sur le site de l’Elysée. « Jamais, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe n’a été aussi nécessaire. La construction d’une Europe de la défense, en lien avec l’Alliance atlantique dont nous fêtons les 70 ans, est pour la France une priorité. Elle constitue le fil rouge de ce défilé », a-t-il ajouté.

Les dix pays membres de l’Initiative européenne d’intervention (France, Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni) ont ouvert la marche sous le mot d’ordre « Agir ensemble ». L’IEI, lancée en juin 2018 sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, a pour ambition de favoriser une « culture stratégique commune » en Europe en vue d’engagements conjoints pour divers scénarios d’intervention – opération militaire ou catastrophe naturelle par exemple. « Agir ensemble et renforcer notre capacité à agir collectivement : tel est notamment le défi que l’Initiative européenne d’intervention, avec d’autres projets européens essentiels, veut relever », a ajouté le Président de la République, qui a reçu à déjeuner à l’Elysée les représentants des neuf autres membres de l’IEI.

Le Corps de réaction rapide européen, la brigade franco-allemande ou la Mission de formation de l’Union européenne (EUTM), active notamment au Mali, étaient également représentés. Les armées, qui bénéficient d’un budget en hausse pour l’innovation dans la loi de programmation militaire 2019-2025 avec un milliard d’euros par an à partir de 2022, ont dévoilé en amont du défilé, via des vidéos ou des présentations d’engins, des innovations comme le robot Stamina, capable de suivre un itinéraire sans GPS, le véhicule blindé multi-rôles Griffon ou le véhicule pick-up Scorpio lanceur de drone. L’homme volant Franky Zapata a fait une apparition au-dessus de la place de la Concorde sur son « Flyboard Air », une planche munie de turboréacteurs qui lui permet de se déplacer dans les airs.

« L’armée se transforme, elle se modernise pour nos soldats, pour notre souveraineté, notre indépendance, notre industrie aussi parce que tout ça est fait en France », a déclaré Emmanuel Macron au micro de France 2 à l’issue du défilé13. Le tableau final, avec 250 participants, rythmé par les chants de plusieurs chœurs militaires, était dédié aux blessés, à leur reconstruction, illustrée par la présence de sportifs de haut niveau.

En marge des célébrations, 152 personnes ont été interpellées pour port d’arme prohibé, violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, détérioration de biens privé ou encore manifestations non déclarées, selon la préfecture de police de Paris. Parmi celles-ci, figurent des figures des « gilets jaunes » comme Maxime Nicolle et Jérôme Rodrigues, selon le parquet de Paris, ainsi qu’Eric Drouet, selon une source policière. La préfecture avait interdit tout rassemblement de personnes se revendiquant de ce mouvement autour de l’avenue des Champs-Elysées, de la place de la Concorde, du musée du Louvre, des Invalides, du Trocadéro et de la Tour Eiffel.

Question

Reste désormais à savoir comment mettre en œuvre une défense européenne entièrement autonome « en lien avec l’Alliance atlantique » (Cf. la formule habituelle employée par le président de la République). Cet exercice relève conceptuellement de la quadrature du cercle. En effet, comment construire un bidule indépendant alors que l’on vit sous un régime de vassalité par rapport à l’OTAN, ce qui signifie plus trivialement par rapport à l’oncle Sam ? Par ailleurs, les généreuses dotations budgétaires envisagées dans la loi de programmation militaire (LPM) en relation avec les idées défendues dans la Revue stratégique, trouveront-elles une concrétisation sonnante et trébuchante dans les prochains budgets annuels du ministère des Armées ? On peut compter sur les rabots des petits marquis de Bercy pour s’opposer à de telles dépenses somptueuses à leurs yeux au nom de la non-duplication.

Alors, en ce 14 juillet 2019, il appartient à chaque Français et en priorité à nos responsables politiques de s’interroger sur leurs devoirs avant de faire valoir leurs droits, leurs privilèges et leurs intérêts personnels. Il nous faut retrouver tous, sans exception, le sens du devoir d’état, du service et plus que jamais du courage sans lequel, comme le disait Napoléon qui savait de quoi il parlait, « Un homme sans courage est une chose »14.

Hué lors de son passage sur les Champs Élysées par quelques gilets jaunes qui réclamaient pêle-mêle « homard et pinard », le chef de l’État et des armées a pu mesurer – à moins qu’il ne porte des lunettes noires et des boules Quiès – l’état d’exaspération de la France profonde à son endroit alors qu’il célèbre son troisième 14 juillet.

L’état de grâce est fini depuis bien longtemps tant Jupiter a pris à rebrousse-poil une France exaspérée par son arrogance et ses « bons mots ». C’est qu’il lui est de plus en plus difficile de se payer de mots surtout lorsqu’il s’agit de questions régaliennes, au premier rang desquelles figurent les questions de défense et de sécurité. Reste désormais à savoir ce qu’il sortira de tangible, de concret pour la sécurité des Français de cette aussi longue séquence militaire ?

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Article complet sur Les Crises disponible ici .

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